Marinette. — Donc, un pot-au-feu ! Veux-tu… que le bœuf soit très cuit ?
Pierre. — Ne te paye pas ma tête.
Marinette. — Quelle misère ! J’ai un mari, un mari à moi, qui ne doit rien me cacher, et il refuse de me dire ses goûts !… Ce bœuf, je l’assaisonnerai à la maître d’hôtel… ça te va-t-il ? Avec du persil, hein ?… Il en restera pour demain… et nous mangerons le reste… avec une mayonnaise ! Ah ! ça convient à Monsieur ? Je commence… Mais je n’ai pas de bœuf !
Pierre. — C’est malheureux. Je te le mettrais sur la langue !
Marinette, trépignant. — Oh ! mais alors dis-moi ce que tu veux !
Pierre. — Assieds-toi. (Il la fait asseoir.) Là… Tu es jolie… Je t’aime. Ne bouge pas et ne parle plus.
Marinette, se levant aussitôt. — Je te parle alimentation ! Qu’est-ce que tu veux d’alimentaire ?
Pierre. — Tu y tiens ?… Fais-moi une tasse de thé… J’ai une migraine atroce.
Marinette. — Vrai ! Ah ! les hommes ne sont pas solides ! Mais, aussi, pourquoi te tracasses-tu ? Reste donc tranquille devant ton feu. Regarde-le brûler. C’est amusant.
Elle l’installe devant la cheminée.
Scène VII
Mme Hamelin, entrant précipitamment. — Où déjeunez-vous, mes enfants ? Venez-vous déjeuner chez moi ?
Marinette. — C’est selon les désirs de Monsieur.
Mme Hamelin. — Eh bien ! Pierre ?
Marinette. — Je crois qu’il voudrait d’abord une tasse de thé.
Mme Hamelin. — Une tasse de thé ? Il ne va donc pas ?
Marinette. — Il a des idées un peu dures, qui lui font mal à la cervelle.