Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/7

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Suzanne. — Il a l’audace de l’avouer !

Mme Hamelin. — Encore un qui mourra sans savoir ce que c’est que de se donner du mal !

Pierre. — Mais si, puisque je vous regarde.

Suzanne. — Est-il horripilant ! J’ai envie de lui lancer quelque chose !

Pierre. — Allons, ne joue pas à l’énervée… On sent que tu te forces… Au fond, tu es ravie de me faire, tout ça.

Suzanne. — Oh !

Pierre. — Mais ton amour-propre t’empêche de l’avouer.

Suzanne. — Alors, moi qui pouvais, cette après-midi, jouer encore au tennis…

Pierre. — Ta conscience n’aurait pas été au calme. Tu es une excellente fille ; tu te serais rongée avec cette idée : Pierre ne saura pas ranger son saint-frusquin. Tu aurais raté tes coups.

Suzanne. — Admirable !

Mme Hamelin. — Tu ne connaissais pas ce raisonnement ? Ma pauvre chérie, c’est ce que les hommes ont trouvé de plus crispant. Nous trimons comme des négresses, et ils se moquent,