ne paye pas votre complet : vous hésitez à le reprendre. Vous vénérez l’État et vous craignez de le dire. Mais, sapristi ! décidez-vous et ayez le courage de votre fantaisie ! Soyez un peu inspiré, Monsieur Rat ! Si vous saviez de quel charme l’audace et l’inspiration rehaussent nos pauvres mœurs ! Voulez-vous prendre le thé avec moi tout à l’heure ?
M. Rat. — Le thé ?
Emmanuel. — Le thé.
M. Rat. — Comment, Monsieur ?
Emmanuel. — Ah ! comme on le servira !… Vous refusez ? Vous avez peur ? Ce n’est pas votre métier ? Revenons à votre métier, Monsieur Rat : la hausse des vêtements continue-t-elle ?
M. Rat. — Sans cesse.
Emmanuel. — Ce veston de quatre cents, aujourd’hui qu’est-ce qu’il vaut ?
M. Rat. — Quatre cent soixante-quinze.
Emmanuel. — Je vous le revends.
M. Rat. — Comment ?
Emmanuel. — Avez-vous de l’argent sur vous ?
M. Rat. — De l’argent ?
Emmanuel. — Vous ne voulez pas le donner ? Signez-moi un billet.
M. Rat. — Plaît-il ?
Emmanuel. — Un billet en blanc, Monsieur Rat, sans rien dessus : qu’est-ce qui vous effraie ?… Vous refusez encore ? Me forcerez-vous d’imiter votre signature ?
M. Rat. — Monsieur…
Emmanuel (il écrit). — Voilà qui est fait !