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LES PLAISIRS DU HASARD

Emmanuel. — Qui prendra conscience d’elle-même.

Le Fils. — … Avec un sens si minutieux de l’ordre…

Emmanuel. — Comme la nature ! Elle doit être exquise ! Avant même de la voir, je ne suis plus libre. Vos parents sont d’une si chaude cordialité, je me dis : « Si tu n’épouses pas leur enfant, tu ne seras qu’un ingrat !… et tu rateras ton existence ! » Il y a de la fatalité dans mon cas. Puis, une jeune fille élevée ici, parmi ces gravures, sur ces tapis, ne peut avoir que de grands yeux et une démarche divine !… D’avance je suis ému. N’ai-je pas raison ?


Scène IV

EMMANUEL, LE DOCTEUR, SA FEMME, LE FILS
(Entrée du Docteur et de sa femme.)

Le Fils. — Voici le père et la mère. Demandez-leur. Eux seuls connaissent leur enfant.

Le Docteur. — Salut, grand homme ! J’avais un client… il venait me payer une note ! Entrevue courte et bienfaisante. Nous allons pouvoir causer une minute, partir avec vous au pays de la féerie. (On sonne) Oh ! j’ai trop de guigne.

Emmanuel. — C’est peut-être le même qui vient repayer : maladie comme une autre !

Le Domestique. — Madame Martin.

Le Docteur. — Encore ! J’y vais.

Emmanuel. — Voulez-vous que j’y aille ?