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SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA

« D’après le règlement du roi, observe Faillon, ce camp volant devait être composé de quarante soldats et M. d’Ailleboust, qui en comprenait la nécessité, l’accrut encore de trente hommes en 1651. »[1]

Un fort avait été construit ou augmenté à Sillery l’été de 1647. En 1649 on commença la muraille sur les deniers de la communauté, c’est-à-dire les 19, 000 francs affectés par le roi pour les affaires du pays. Les sauvages fugitifs de l’ouest et du Saint-Maurice s’y réfugièrent en bon nombre vers 1651[2]

Le printemps de 1619 arrivé, M. d’Ailleboust envoya à Montréal M. Desmousseaux son neveu, avec 40 hommes qu’il commandait sous le nom de camp volant, afin d’y aider à repousser les ennemis, ce qui lui fut plus aisé que de les battre, car aussitôt qu’ils entendaient le bruit des rames de ses chaloupes, ils s’enfuyaient avec une telle vitesse qu’il n’était pas facile de les attraper et de les joindre ; ce renfort encouragea beaucoup les nôtres aussitôt qu’il parut à quoi contribua beaucoup le nom et la qualité de celui qui commandait. Si l’on avait eu l’expérience que l’on a aujourd’hui, avec la connaissance que nous avons présentement (après 1670) de leur pays 40 bons hommes bien commandés se seraient acquis beaucoup de gloire, auraient rendu des services très signalés au pays et auraient retenu nos ennemis dans une grande crainte par les coups qu’ils auraient faits sur eux, mais nous n’avions pas les lumières que nous avons aujourd’hui et nous étions moins habiles à la navigation du canot qui est l’unique moyen (de transport) dont on doit user contre ces gens-là que nous sommes maintenant.[3]

M. Dollier avait été officier de cavalerie avant que de devenir prêtre. En 1666, aumônier des troupes qui attaquèrent le canton des Agniers, il se rendit compte des choses militaires du Canada, sans doute, mais que pouvait-il espérer d’une demi-compagnie de soldats lorsque, en 1649-50, la puissance iroquoise était à son apogée et que le prestige de ses armes se quintuplait de l’état déplorable des affaires de France — situation bien comprise des Agniers, des Onneyouts, des Onnontagués, des Gayogouins et des Tsonnontouans — les Iroquois, en un mot. Champlain, quinze années auparavant, réduit à modérer ses demandes de secours au plus bas chiffre et mis en présence d’un danger qui n’était presque rien  ; comparé à l’état de 1649, indiquait un effectif de cent vingt soldats comme indispensable, et certes  ! il possédait un coup d’œil que personne de son temps n’a su dépasser. Ceci est une question militaire. Les deux compagnies réclamées par Champlain, une fois arrivées ici et dirigées par lui, eussent brisé dans l’œuf la confédération iroquoise. Faute d’avoir compris cela, on se voyait, en 1649. obligé de faire quoi  ? – une parade de quarante fusiliers,

  1. Faillon, Histoire de la Colonie, II, 96.
  2. Journal des jésuites, pp. 88, 131 ; Histoire de la Colonie, II, 90 ; Relation, 1651, p. 7.
  3. Dollier de Casson, Histoire du Montréal, p. 70.