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conclurent que nous ne valions pas les Peaux-Rouges, et ils préparèrent de nouveaux plans de conquête.

Une partie des Hurons échappés de ces boucheries se jetèrent dans les montagnes de la nation du Petun, vers Goderich, où trois pères jésuites avaient établi des missions trois mois auparavant. D’autres se réfugièrent dans l’île de Saint-Joseph, en aval du saut Sainte-Marie, où il y avait une mission depuis près d’un an. Un autre groupe se dirigea vers l’île de Manitoualin, comme il vient d’être dit  ; en ce dernier endroit, les pères songèrent d’abord à transporter leur maison principale, mais ensuite l’île Saint-Joseph eut la préférence.

Les Chats (Ériés) refoulés au centre de l’État de l’Ohio par les Iroquois en 1639, donnèrent asile à l’une des cinq bandes de Hurons que le désastre de 1649-50 chassait de leur pays. Tous furent exterminés ensemble par la suite.

Parlant de ce qui s’était passé en 1649-50, la Relation des jésuites de 1660 (p. 14) dit : « Les uns se jetèrent dans la nation Neutre, pensant y trouver un lieu de refuge par sa neutralité qui, jusqu’alors, n’avait pas été violée par les Iroquois, mais ces traîtres s’en servirent pour se saisir de toute la nation du Petun. Celle-ci a été obligée de se réfugier chez les Algonquins supérieurs (à l’ouest du lac Huron). D’autres coururent dix journées durant dans les bois  ; d’autres voulurent aller à Andostoé, pays de la Virginie  ; quelques-uns se réfugièrent parmi la nation du Feu (les Mascoutins) et la nation des Chats, même un bourg entier se jeta à la discrétion des Tsonnontouans, qui est l’une des cinq nations iroquoises et qui s’en est bien trouvé, s’étant conservé depuis ce temps-là en forme de bourg séparé de ceux des Iroquois, où les Hurons vivent à la huronne, et les anciens chrétiens gardent ce qu’ils peuvent du christianisme. »

Une note placée à la page 344 des relations du P. Bressani, porte en substance que la première bande des Hurons se retira dans l’île Manitoualin.[1] La deuxième se rendit aux Iroquois, espérant en être mieux traitée. La troisième chercha un asile dans l’île de Michilimakinac, mais, pourchassée par l’ennemi, elle se retira dans la baie Verte, et, plus tard, s’avança vers le sud-ouest du lac Supérieur et se fixa sur le Mississipi. La quatrième demanda refuge à la nation du Chat (Ériés) dans l’Ohio. La cinquième est celle qui descendit à Québec, vécut quelques années à l’île d’Orléans et ensuite s’établit à Lorette.

La nation du Petun ne semble pas avoir subi de grandes pertes dans ces massacres, mais elle émigra vers le haut Mississipi où Chouard et Radisson la retrouvèrent en 1660 et le P. Allouez en 1667.

Au mois d’août 1649 des soldats (une dizaine probablement) partent de Trois-Rivières pour le pays des Huron, avec quatre engagés des jé-

  1. Elle se retira tout d’abord à l’île Ahoendoe, à présent Christian-Island, qui reçut en ce moment le nom de Sainte-Marie.