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LA GUERRE DES IROQUOIS

suites : Pierre Tourmente, Charles Roger, Pierre Oliveau et un nommé Raison.

Vers le 22 septembre le P. Bressani revint des missions du Haut-Canada voyageant en compagnie des bandes de Sauvages amis et des Français qui se rendaient à Trois-Rivières. « Les Français rapportèrent pesant cinq mille de castor, qui était plus de 26 mille livres pour eux  ; et Desfossés,[1] soldat, avec son frère, qui y avaient été un an aux Hurons, apportèrent pour leur part 747 livres pesant, qui leur fut payé à 4 francs la livre, et l’autre à 5 livres 5 sols. »[2] Les autres français, formant partie de la même expédition apportaient 25, 000 livres pesant de castors, qu’ils faillirent perdre en arrivant à Trois-Rivières, car les Iroquois les surprirent à une demi-lieue du fort et ne furent repoussés qu’après un combat très animé.

Le P. Bressani et les Hurons repartirent au commencement d’octobre, mais ils durent rebrousser chemin à la rivière des Prairies, au nord de Montréal, par crainte des Iroquois. Ceux-ci infestaient les bords du Saint-Laurent par petites bandes dit Charlevoix, pillaient et brûlaient les maisons, tuaient les colons isolés. Chaque jour, on les voyait jusqu’aux portes de Québec. Ils ravageaient aussi les territoires du Saint-Maurice et de l’Ottawa.

Non contents de poursuivre dans le nord et dans l’ouest les débris des tribus huronnes et algonquines vaincues et dispersées, les Iroquois engageaient partout autour d’eux des hostilités nouvelles. Leur audace, leur habileté, leur esprit de gouvernement, joints aux tristes circonstances que notre administration traversait, devaient leur assurer, durant plusieurs années, la prépondérance, par la terreur, sur tout le cours du Saint-Laurent et autres pays.

Les Sokokis, sauvages du sud-ouest, du Maine et du New-Hampshire, prenaient à leur tour les armes contre les Agniers. Ceux-ci, dans l’hiver de 1651-52, envoyaient un parti de guerre au pays des Andastes, mais ils étaient repoussés avec perte.[3]

Le P. Ragueneau écrivait de Sainte-Marie de Manitouàlin le 13 mars 1650 : « Nous restons encore treize Pères dans cette mission, avec quatre Frères coadjuteurs, vingt-deux domestiques qui ne nous quittent jamais, et onze autres, gagés pour un temps plus ou moins considérable, six soldats et quatre enfants — en tout soixante personnes. »

L’année 1650 fut une longue série d’angoisses pour le Bas-Canada, mais les malheurs que l’on entrevoyait ne se produisirent point. Les Iroquois employèrent cette année à anéantir la nation Neutre et à étendre leurs conquêtes vers l’ouest. À automne de 1650 ils remportèrent une première grande victoire sur ce peuple et, au printemps suivant, lui por-

  1. Journal des jésuites, P. 129.
  2. Simon Desfossés est parrain d’un Sauvage à Trois-Rivières, le 22 septembre 1649.
  3. Journal des jésuites, 19 avril et 5 juin 1652.