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LA GUERRE DES IROQUOIS

Le 5 août 1652, à Trois-Rivières, dans un acte d’Ameau, on lit : « Guillaume Guillemot, Escuyer, sieur Duplessis Kerbodot, capitaine du camp volant, gouverneur du fort et habitation des Trois-Rivières, nommé par M. de Lauzon » ;[1] il achète une terre en cette occasion.

Au combat de la banlieue de Trois-Rivières, le 19 août suivant, sont tués ou amenés prisonniers par les Iroquois : M. Duplessis-Kerbodeau, et les nommés Langoulmois, Lapalme, Lagrave, Saint-Germain et Chaillon, tous soldats.[2]

En octobre 1652, le major Closse marche contre les Iroquois avec vingt-quatre hommes de Montréal, ce qui nous semble avoir été alors le chiffre total des gens en état de porter les armes dans cette ville. M. de Maisonneuve écrit de France qu’il lui faut au moins cent hommes de renfort pour que les Français se maintiennent à Montréal.[3]

Le 4 novembre 1652, Nicolas Rivard,[4] « capitaine de milice du cap de la Madeleine », vend une terre à Gilles Trottier.[5] Il portait le même titre l’année précédente.

Au milieu de décembre 1652, les Iroquois enlevèrent deux Hurons près de Trois-Rivières, puis ils construisirent un fort à 3 lieues dans les bois, à l’ouest du village, afin de couper le chemin aux chasseurs qui fréquentaient ces endroits durant la saison des neiges. Pareille démarche ne s’était pas encore vue dans le Bas-Canada. On fortifia, tant bien que mal, le poste de Trois-Rivières, et l’hiver se passa en faisant bonne garde. Sitôt que le fleuve fut libre, au printemps de 1653, les bandes de maraudeurs reparurent, guettant les chasseurs et les hommes travaillant à la campagne.

Le commerce des pelleteries se ressentait de l’influence fâcheuse de toutes ces guerres. En 1653, le peu de traite qui se fit à Trois-Rivières procura quelques ressources qui furent appliquées aux fortifications. Le castor, la branche la plus considérable de ce commerce, y fut presque nul. Pas une seule peau de ce genre ne fut apportée à Montréal cette année, quoique la chasse eût été plus abondante que d’ordinaire. Tout allait donc aux Iroquois qui trafiquaient avec les Hollandais. Du côté du nord du Saint-Laurent, on commençait à ouvrir des relations avec des peuples inconnus, mais déjà les Iroquois rôdaient aux sources du Saint-Maurice et du Saguenay, et bientôt nous allions les voir terroriser tous les postes du nord, y compris Tadoussac.

M. de Lauzon, voyant que la traite du Haut-Canada et du Saint-Maurice ne rapportait plus rien, forma une compagnie de quelques marchands de Québec pour exploiter celle du Saguenay, dont la compagnie

  1. Vers la fin de l’administration de M. de Montmagny (1648) on avait séparé de son pouvoir la nomination du gouverneur de Trois-Rivières.
  2. Journal des jésuites, p. 174-5. Greffe d’Ameau, 1651-1663.
  3. Dollier, Histoire du Montréal, p. 86-7.
  4. Ancêtre de Sévère Riyard, maire de Montréal en 1880.
  5. . Greffe d’Ameau.