miers jours de mars, M. de Lauzon, grand sénéchal, accompagné de René Robineau et de quinze soldats, y fit une visite. Déjà les ennemis avaient commencé leurs ravages dans les environs.
Voici un trait que raconte M. Dollier au sujet de M. de Lauzon : « Celui-ci avait promis à M. de Maisonneuve dix soldats dont il lui avait fait passer les armes par avance ; il envoya ces dix hommes au Montréal ; mais il les fit partir si tard (automne de 1652) et les mit si nus dans une chaloupe qu’ils y pensèrent geler de froid ; on les prenait pour des spectres vivants qui venaient tout squelettes, qu’ils étaient, affronter les rigueurs de l’hiver. C’était une chose assez surprenante de les voir venir en cet équipage en ce temps-là, d’autant plus qu’il était le 10 décembre ; cela fit douter longtemps que ce fussent des hommes et on ne s’en put convaincre que lorsqu’on les vit de fort près ; au reste ces hommes étaient les plus malingres si nous regardons leur constitution ; même deux de ces dix étaient encore enfants, lesquels à la vérité, sont depuis devenus de fort bons habitants dont l’un s’appelle St-Ange[1] et l’autre se nommait La Chapelle.[2] Ces pauvres soldats ne furent pas plutôt ici (à Montréal) qu’on tâcha de les réchauffer le mieux qu’on put en leur faisant bonne chère et en leur donnant de bons habits, et ensuite on s’en servit comme des gens à repousser les Iroquois que nous avions tous les jours sur les bras. » :[3]
Montréal n’espérait rien de bon du nouveau gouverneur général et cela explique le voyage de M. de Maisonneuve en France.
« 1652 M. de Lauzon fut gouverneur à la place de M. d’Ailleboust ; persécuta Lemoine et retrancha mille livres à M. de Maisonneuve que la compagnie lui donnait, dont il fut puni, en ce que les Iroquois prirent dans cette année le reste des Hurons réfugiés à l’île d’Orléans, tuèrent l’aîné et une partie de la famille du sieur de Lauzon, le tout à la vue de Québec. Le Montréal était dans un grand péril. »[4]
« En 1652, Lauzon supprima le camp volant ; c’est-à-dire qu’il fit perdre à Villemarie la plupart des avantages qu’elle avait retirés de l’administration de M. d’Ailleboust. Plus tard même, il tenta sans y réussir de prélever un droit sur les marchandises qui passaient devant Québec à destination de Montréal. »[5]
Le 7 juillet 1652, à Trois-Rivières, le major Lambert Closse[6] de la garnison de Montréal[7] et M. des Mazures, officier du camp volant, sont présents à un contrat de mariage.[8]
- ↑ André Charly dit Saint-Ange.
- ↑ Honoré Langlois dit Lachapelle.
- ↑ Dollier de Casson, Histoire du Montréal, p. 82 ; Faillon, Hist. de la Colonie, II, 136 : Hist des Canadiens-Français, III, 37-8.
- ↑ Belmont, Histoire du Canada, p. 6.
- ↑ Léon Gérin, la Science sociale, Paris, 1891, p. 566.
- ↑ Major ? Sergent-major probablement.
- ↑ M. de Maisonneuve étant parti pour la France, l’automne de 1651 M. des Musseaux avait reçu le commandement de Montréal. — Dollier, Histoire du Montréal, pp. 81, 83, 86.
- ↑ Greffe d’Ameau.