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section I, 1897                                              [65]                                              Mémoires S. R. C.


III — La Guerre des Iroquois-1600-1653,

Par M. BENJAMIN SULTE.
(Lu le 23 juin.)

Avant de pouvoir explique les luttes que la colonie du Canada eut à supporter au XVIIe siècle contre l’Iroquois, il faut se rendre compte des populations découvertes dans ces territoires par les premiers explorateurs. Ensuite le reste se présente facilement à notre intelligence ; les motifs des agressions des Iroquois viennent à la surface et rendent les événements plus compréhensibles, tandis qu’on a pris trop souvent l’habitude d’en parler sans chercher à voir clair dans la cause unique qui les a produites.

Une carte géographique sous les yeux, partons de la Pennsylvanie, et traversons le Connecticut, le Rhode-Island, le Massachusetts, le New-Hampshire, le Maine, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, toute la province de Québec, la rivière Ottawa, le lac Nipigon, le saut Sainte-Marie, le lac Supérieur, le Wisconsin, le Michigan, l’Indiana et l’Ohio. Nous sommes, dans tout ce vaste cercle parmi des tribus algonquines, peuples chasseurs et pêcheurs, sans habitations stables, sans gouvernement, sans caractère élevé. Imprévoyants de toutes manières, ces gens vivaient au jour le jour, souffrant des rigueurs du climat, qu’ils ne savaient pas combattre, de la famine qui résultait souvent de leur manque d’organisation, de l’abondance pareillement, dont ils faisaient abus lorsqu’elle se présentait. Quant à la langue, c’était bien la même dans toute l’étendue en question, mais elle se divisait et se subdivisait en une infinité de dialectes et de patois qui la rendaient presque méconnaissable de 100 lieues en 100 lieues. Le parler le plus pur se rencontrait sur l’Ottawa, à l’île Manitoualin, au Wisconsin, aux Illinois. Le type physique était plutôt celui des Européens que des Asiatiques. La peau était blanche et non pas rouge. Il paraît évident que ces peuples avaient une origine commune, peu différente de la nôtre. Les hommes étaient des sauvages, des primitifs. n’ayant pas encore su comment s’élever au-dessus de la brute et ne le désirant pas. C’est le bas de l’échelle de l’humanité.

Examinons maintenant l’intérieur du cercle qui vient d’être tracé : le Haut-Canada, l’État de New-York et le nord de la Pennsylvanie. Il avait pour occupant la race huronne-iroquoise, composée de tribus sédentaires, ayant des villages fort bien bâtis, cultivant le sol, possédant une administration publique efficace, et des industries de beaucoup supérieures à celles des tribus algonquines. Très prévoyants en toutes saisons, ces gens vivaient confortablement et, de plus, le climat de leur pays les favorisait, de sorte qu’ils présentaient l’aspect d’un groupe quasi civilisé au milieu des bar-