Page:Benoit L Atlantide.djvu/101

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quels il disposait sur la roche ces divers objets, combien son trouble était grand.

À un moment qu’il s’était penché vers moi pour me tendre une assiette, il me désigna d’un geste le lugubre couloir ténébreux où nous allions nous enfoncer.

Blad-el-Khouf ! — murmura-t-il.

— Que dit-il ? — demanda Morhange, qui avait surpris son geste.

— Blad-el-Khouf. Voici le pays de la peur. C’est ainsi que les Arabes appellent le Hoggar.

Bou-Djema était revenu s’asseoir à l’écart, nous laissant à notre dîner. Accroupi, il se mit à manger quelques feuilles de laitue, qu’il avait réservées pour lui.

Eg-Anteouen était immobile.

Tout à coup, le Targui se leva. Le soleil à l’Ouest n’était plus qu’un tison rouge. Nous vîmes Eg-Anteouen s’approcher de la fontaine, étendre à terre son burnous bleu, s’agenouiller.

— Je ne croyais pas les Touareg si respectueux de la tradition musulmane, — dit Morhange.

— Moi non plus, — dis-je pensivement.

Mais j’avais autre chose à faire, en cette minute, qu’à m’étonner.

— Bou-Djema, — appelai-je.

En même temps, je regardai Eg-Anteouen. Absorbé dans sa prière, tourné vers l’Ouest, il ne m’accordait visiblement aucune attention. Il était en train de se prosterner, lorsque, à voix plus forte, je criai de nouveau.