Page:Benoit L Atlantide.djvu/102

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— Bou-Djema, viens avec moi vers mon mehari, j’ai quelque chose à prendre dans la fonte.

Lentement, posément, toujours agenouillé, Eg-Anteouen murmurait sa prière.

Bou-Djema, lui, n’avait pas bougé.

Seul, un gémissement sourd me répondit.

Morhange et moi avions immédiatement sauté sur nos pieds et couru auprès du guide. Eg-Anteouen y parvint en même temps que nous.

Yeux clos, extrémités déjà froides, le Chaamba râlait entre les bras de Morhange. J’avais saisi une de ses mains. Eg-Anteouen avait pris l’autre. Chacun avec nos moyens, nous nous efforcions de deviner, de comprendre…

Soudain, Eg-Anteouen sursauta. Il venait d’apercevoir la pauvre gamelle bosselée que l’Arabe tenait, une minute plus tôt entre ses genoux, et qui, maintenant, gisait à terre, renversée.

Il s’en saisit, écarta, les examinant rapidement l’une après l’autre, les quelques feuilles de laitue qui y restaient encore, et poussa une rauque exclamation.

— Bon, — murmura Morhange, — au tour de celui-là maintenant, va-t-il devenir fou !

L’œil fixé sur Eg-Anteouen, je le vis sans mot dire se précipiter vers la pierre où était disposé notre couvert ; une seconde après, il était de nouveau à nos côtés, tenant le plat de laitue auquel nous n’avions pas encore touché.

Il prit alors dans la gamelle de Bou-Djema une feuille verte et charnue, large et pâle, et la rappro-