Page:Benoit L Atlantide.djvu/121

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Je ne pus retenir un cri d’admiration.

Je me trouvais sur une sorte de balcon, surplombant le vide, taillé au flanc même d’une montagne. Au-dessus de moi, l’azur ; au-dessous, ceint de toutes parts par des pics qui lui faisaient une ceinture continue et inviolable, un véritable paradis terrestre venait de m’apparaître, à quelques cinquante mètres plus bas. Un jardin s’étendait là. Les palmiers berçaient mollement leurs grandes palmes. À leurs pieds, tout le fouillis des petits arbres qu’ils protègent dans les oasis, amandiers, citronniers, orangers, d’autres, beaucoup d’autres, dont je ne discernais pas encore, d’une telle hauteur, les essences… Un large ruisseau bleu, alimenté par une cascade, aboutissait à un lac charmant, aux eaux duquel l’altitude prêtait sa merveilleuse transparence. De grands oiseaux tournaient en cercle dans ce puits de verdure ; on voyait, sur le lac, la table rose d’un flamant.

Quant aux montagnes, qui, tout à l’entour, dressaient leurs hautes cimes, elles étaient complètement recouvertes de neige.

Le ruisseau bleu, des palmes vertes, les fruits d’or, et par-dessus cette neige miraculeuse, tout cela, dans l’air immatériel à force de fluidité, composait quelque chose de si pur, de si beau, que ma pauvre force d’homme n’en put supporter plus longtemps l’image. J’appuyai mon front sur la balustrade, toute ouatée elle-même de cette divine neige et je me mis à pleurer comme un enfant.