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l’Apollon Sauroctone ? Fou, je vous dis, il y a de quoi devenir fou.

Et Morhange, se laissant tomber sur un divan, recommença à rire de plus belle.

— Voyez, — dis-je, — du latin.

Je m’étais saisi de feuillets épars sur la table de travail qui tenait le milieu de la salle. Morhange me les prit des mains et les parcourut avidement. La stupéfaction peinte sur son visage fut alors sans bornes.

— De plus fort en plus fort, mon cher ! Il y a ici quelqu’un en train de composer, à grand renfort de textes, une dissertation sur les îles des Gorgones : de Gorgonum insulis. Méduse, d’après lui, fut une libyenne sauvage, qui habitait les environs du lac Triton, notre Chott Melhrir actuel, et c’est là que Persée… Ah !

La voix de Morhange s’était étranglée dans sa gorge. Au même instant, une voix, aigre et flûtée, venait de retentir dans l’immense salle.

— Je vous en prie, monsieur. Laissez mes papiers tranquilles.

Je me retournai vers le nouveau venu.


Une des portières de Caramani s’était écartée, livrant passage au plus inattendu des personnages. Si résignés que nous fussions aux éventualités saugrenues, cette apparition dépassait en incohérence tout ce qu’il peut être permis de concevoir.

Sur le seuil de la porte se tenait un petit homme,