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au crâne chauve, à la figure jaune et pointue à demi-cachée par une énorme paire de lunettes vertes, avec une petite barbe poivre et sel. Peu de linge apparent, mais une impressionnante cravate à plastron cerise. Un pantalon blanc, du genre appelé flottard. Des babouches de cuir rouge constituaient le seul détail oriental de son costume.

Il portait, non sans ostentation, la rosette d’officier de l’Instruction publique.

Il ramassa les feuillets que, dans son ébahissement, Morhange avait laissé choir, les compta, les reclassa, et, nous ayant jeté un regard courroucé, agita une sonnette de cuivre.

La portière se souleva de nouveau. Un gigantesque Targui blanc entra. Il me sembla reconnaître en lui un des génies de la caverne[1].

— Ferradji, — demanda avec colère le petit officier de l’Instruction publique, — pourquoi a-t-on conduit ces messieurs dans la bibliothèque ?

Le Targui s’inclina respectueusement.

— Cegheïr-ben-Cheïkh est revenu plus tôt qu’on ne l’attendait, sidi, — répondit-il, — et les embaumeurs n’avaient pas terminé hier soir leur besogne. On les a conduits ici en attendant, acheva-t-il en nous désignant.

  1. On appelle généralement Touareg blancs les serfs nègres des Touareg. Tandis que les nobles sont vêtus de cotonnades bleues, ils sont vêtus de cotonnades blanches, d’où leur nom de Touareg blancs. Voir à ce propos Duveyrier, Les Touareg du Nord, p. 292. (Note de M. Leroux.)