Page:Benoit L Atlantide.djvu/152

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dans ce coin désertique du Hoggar. Ils peuvent bien, là-bas, forger leurs hypothèses, basées sur la perte des ouvrages mystérieux de l’antiquité : ces ouvrages ne sont pas perdus. Ils sont ici. Ici les livres hébreux, chaldéens, assyriens. Ici, les grandes traditions égyptiennes, qui inspirèrent Solon, Hérodote et Platon. Ici, les mythographes grecs, les magiciens de l’Afrique romaine, les rêveurs indiens, tous les trésors, en un mot, dont l’absence fait des dissertations contemporaines de pauvres choses risibles. Croyez-m’en, il est bien vengé, l’humble petit universitaire qu’ils ont pris pour fou, dont ils ont fait fi. J’ai vécu, je vis, je vivrai dans un perpétuel éclat de rire, devant leur érudition fausse et tronquée. Et, quand je serai mort, l’erreur, grâce aux précautions jalouses prises par Neptune pour isoler sa bien-aimée Clito du reste du monde, l’erreur, dis-je, continuera à régner en maîtresse souveraine sur leurs pitoyables écrits.

— Monsieur, — dit Morhange d’une voix grave, — vous venez d’affirmer l’influence de l’Égypte sur la civilisation des gens de par ici. Pour des raisons que j’aurai peut-être un jour l’occasion de vous expliquer, je tiendrais à avoir la preuve de cette immixtion.

— Qu’à cela ne tienne, monsieur, — répondit M. Le Mesge.

Alors, à mon tour, je m’avançai.

— Deux mots, s’il vous plaît, monsieur, — dis-je brutalement. — Je ne vous cacherai pas