Page:Benoit L Atlantide.djvu/17

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pense méritée de trois voyages d’exploration particulièrement audacieux, au Tibesti et dans l’Aïr ; et soudain, le drame mystérieux de son quatrième voyage, cette fameuse mission entreprise avec le capitaine Morhange, et d’où un seul des explorateurs était revenu. Tout s’oublie vite, en France. Il y avait bien six ans de cela. Je n’avais plus entendu parler de Saint-Avit. Je croyais même qu’il avait quitté l’armée. Et maintenant, voici que je me trouvais l’avoir pour chef.

« Allons, pensai-je, celui-là ou un autre !… À l’École, il était charmant, et nous avons toujours eu les meilleurs rapports. D’ailleurs je n’ai pas les annuités voulues pour passer capitaine. »

Et je sortis du bureau en sifflotant.


Nous étions maintenant, Châtelain et moi, nos fusils posés sur la terre déjà moins chaude, auprès de la mare qui tient le milieu de la maigre oasis, dissimulés derrière une sorte de claie d’alfa. Le soleil couchant faisait roses les petits canaux stagnants où s’irriguent les pauvres cultures des sédentaires noirs.

Pas un mot durant le parcours. Pas un mot durant l’affût. Châtelain visiblement, boudait.

En silence, nous abattîmes tour à tour quelques-unes des misérables tourterelles qui venaient, leurs petites ailes traînantes sous le poids de la chaleur du jour, étancher leur soif à la lourde