Page:Benoit L Atlantide.djvu/18

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eau verte. Quand une demi-douzaine de minces corps ensanglantés furent alignés à nos pieds, je mis la main sur l’épaule du sous-officier.

— Châtelain !

Il tressaillit.

— Châtelain, je vous ai rudoyé tout à l’heure. Il ne faut pas m’en vouloir. La mauvaise heure avant la sieste. La mauvaise heure de midi.

— Mon lieutenant est le maître, — répondit-il d’un ton qu’il voulait bourru, et qui n’était qu’ému.

— Châtelain, il ne faut pas m’en vouloir… Vous avez quelque chose à me dire. Vous savez de quoi je veux parler.

— Je ne vois pas vraiment. Non, je ne vois pas.

— Châtelain, Châtelain, soyons sérieux. Parlez-moi un peu du capitaine de Saint-Avit.

— Je ne sais rien, — dit-il avec brusquerie.

— Rien ? Alors, ces mots de tout à l’heure ?…

— Le capitaine de Saint-Avit est un brave, — murmura-t-il, le front obstinément baissé. — Il est parti seul pour Bilma, pour l’Aïr, tout seul dans des endroits où personne n’a jamais été. C’est un brave.

— C’est un brave, sans doute, — dis-je avec une infinie douceur. — Mais il a assassiné son compagnon, le capitaine Morhange, n’est-ce pas ?

Le vieux maréchal des logis trembla.

— C’est un brave, — s’obstina-t-il.

— Châtelain, vous êtes un enfant. Craignez-