Page:Benoit L Atlantide.djvu/187

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cœur humain ? Je ne répondis pas, lui fournissant ainsi la meilleure preuve qu’il avait vu juste.

— Que comptez-vous faire ? — murmurai-je enfin.

Il referma son manuscrit, se carra confortablement dans un fauteuil, alluma un cigare et me répondit en ces termes :

— J’y ai mûrement réfléchi. Un peu de casuistique aidant, j’ai découvert ma ligne de conduite. Elle est simple, et ne souffre pas de discussion.

« La question ne se pose pas pour moi tout à fait comme pour vous, à cause de mon caractère quasi-religieux qui, je dois le reconnaître, est embarqué dans une inquiétante galère. Je n’ai pas prononcé de vœux, c’est entendu, mais outre que je me vois interdire par le vulgaire neuvième commandement des relations avec une personne qui n’est pas ma femme, j’avoue que je n’ai aucun goût pour l’espèce de service commandé en vue duquel cet excellent Cegheïr-ben-Cheïkh a bien voulu nous recruter.

« Ceci posé, il reste cependant à considérer que ma vie ne m’appartient pas en propre, avec faculté d’en disposer comme pourrait le faire un explorateur privé, voyageant pour des buts à lui et par ses propres moyens. Moi, j’ai une mission à remplir, des résultats à recueillir. Si je pouvais donc reconquérir ma liberté, après avoir payé le singulier droit de péage qui est de coutume ici, je consentirais à donner satisfaction à Antinéa, dans la mesure de mes moyens. Je connais assez