Page:Benoit L Atlantide.djvu/192

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— M. Morhange ne goûtera que par cœur à ce délicieux rôti de mouton, — fit le professeur, du plus en plus égrillard, en s’adjugeant une large tranche de viande.

— Il n’aura pas à le regretter, — dit l’hetman avec humeur. — Ce n’est pas du rôti : c’est de la corne de mouflon. Vraiment, Koukou commence à se moquer de nous.

— Prenez-vous-en au révérend, — riposta la voix aigre de M. Le Mesge. — Je lui ai répété assez souvent de chercher des catéchumènes autres que notre cuisinier.

— Monsieur le professeur, — dit avec dignité M. Spardek.

— Je maintiens ma protestation. — cria M. Le Mesge, qui, dès cette minute, me parut un peu gris. — J’en fais juge monsieur, — continua-t-il en se tournant de mon côté. — Monsieur est nouveau venu. Monsieur est sans parti pris. Eh bien, je le lui demande. A-t-on le droit de détraquer un cuisinier bambara en lui bourrant tout le jour la tête de discussions théologiques auxquelles rien ne le prédispose ?

— Hélas ! — répondit tristement le pasteur, — comme vous vous trompez. Il n’a qu’une propension trop forte à la controverse.

— Koukou est un fainéant, qui profite de la vache à Colas pour ne plus rien faire et laisser brûler nos escalopes, — opina l’hetman. — Vive le pape, — hurla-t-il en remplissant les verres à la ronde.