Page:Benoit L Atlantide.djvu/196

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posait amoureusement ses jetons en petites piles.

— Quatorze, — dis-je.

— Quinze, — fit la voix aigre de Rosita, la vieille négresse manucure.

— Dix-sept, — proclama l’hetman.

— Vingt mille, — trancha le cuisinier.

Et il martela, nous jetant un regard de défi.

— Vingt. Je prends la banque à vingt mille.

L’hetman eut un geste de mauvaise humeur.

— Satané Koukou ! Il n’y a rien à faire contre cet animal. Vous allez avoir à jouer serré, lieutenant.

Koukou s’était placé en potence au bout de la table. Il battait maintenant les cartes avec une maestria dont je restai interloqué.

— Je vous l’avais dit : comme Chez Anna Deslions, — murmura l’hetman avec fierté.

— Messieurs, faites vos jeux, — glapit le nègre. — Faites vos jeux, messieurs.

— Attends, animal, — dit Bielowsky. — Tu vois bien que les verres sont vides. Ici, Cacambo.

Les gobelets furent immédiatement remplis par le masseur hilare.

— Coupe, — fit Koukou, s’adressant à Sydya, la belle Targui, qu’il avait à sa droite.

La jeune femme coupa, en personne superstitieuse, de la main gauche. Mais il faut dire que sa droite était occupée par le gobelet qu’elle portait à ses lèvres. Je vis se gonfler la fine gorge mate.

— Je donne. — dit Koukou.