Page:Benoit L Atlantide.djvu/227

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— D’une façon qui nous fit à tous beaucoup de peine. Je t’ai dit que c’est lui qui est resté le plus longtemps parmi nous. Nous en avions pris l’habitude. Dans la chambre d’Antinéa, sur une petite table de Kairouan, peinte en bleu et or, il y a un timbre, avec un long marteau d’argent, à manche d’ébène, très lourd. C’est Aguida qui m’a conté la scène. Quand Antinéa, en souriant comme elle le fait sans cesse, signifia son congé au petit Kaine, il resta devant elle, muet, très pâle. Elle frappa le timbre pour qu’on l’emmenât. Un Targui blanc entra. Mais le petit Kaine avait sauté sur le marteau, et le Targui blanc gisait à terre, le crâne fracassé. Antinéa souriait toujours. On entraîna le petit Kaine dans sa chambre. La même nuit, trompant la surveillance de ses gardiens, il sauta par la fenêtre, d’une hauteur de deux cents pieds. Les ouvriers de l’atelier d’embaumement m’ont dit qu’ils avaient eu toutes les peines du monde avec son corps. Mais ils s’en sont assez bien tirés. Tu n’as qu’à aller voir. Dans la salle de marbre rouge, il occupe la niche numéro 26.

La vieille, dans son verre, noya son émotion.

— Deux jours avant, — reprit-elle, — j’étais venue lui faire les ongles, ici, car c’était sa chambre. Sur le mur, près de la fenêtre, avec son canif, il écrivait dans la pierre quelque chose. Regarde, ça se voit encore.

Was it not Fate, that, on this July midnight

En n’importe quel autre instant, ce vers, gravé