Page:Benoit L Atlantide.djvu/237

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— Les guépards rêvent aussi, — répondit-elle gravement, sans paraître saisir le moins du monde le sel de cette facétie parnassienne.

Il y eut un moment de silence. Puis elle dit :

— Tu dois avoir faim. Et je pense que tu n’aurais pas de plaisir à manger avec les autres.

Je ne répondis pas.

— Il faut manger, — reprit-elle. — Si tu le permets, je vais aller chercher à manger, pour toi et pour moi. J’apporterai aussi le dîner d’Hiram-Roi et de Galé. Quand on a du chagrin, il ne faut pas rester seul.

Et la petite fée verte et dorée, sortit, sans avoir attendu ma réponse.

C’est ainsi que se nouèrent mes relations avec Tanit-Zerga. Chaque matin, elle arrivait dans ma chambre avec les deux bêtes. Il était rare qu’elle me parlât d’Antinéa, et toujours de façon indirecte. La question qu’elle voyait sans cesse à mes lèvres semblait lui être insupportable, et je la sentais fuir tous les sujets sur lesquels j’osais moi-même ramener la conversation.

Pour mieux les éviter, comme une petite perruche fiévreuse, elle parlait, parlait, parlait.

Je fus malade, et soigné comme on ne l’a jamais été par cette sœur de charité de soie verte et de bronze. Les deux fauves, le grand et le petit, étaient là, de chaque côté de ma couche, et, durant mon délire, je voyais, fixées sur moi, leurs tristes prunelles mystérieuses.

De sa voix chantante, Tanit-Zerga me contait