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Blotti à ses pieds, Hiram-Roi laissait peser sur elle un long regard soumis.

Un immense miroir d’orichalque, aux reflets dorés, était incrusté dans la paroi de droite. Soudain, Antinéa se dressa devant lui. Je la vis nue.

Spectacle amer et splendide ! Comment se comporte devant sa glace une femme qui se croit seule, dans l’attente de l’homme qu’elle veut dompter.

De six brûle-parfums disséminés dans la pièce montaient d’invisibles colonnes de fumée odorante. Les essences balsamiques de l’Arabie-Pétrée tissaient des trames ondoyantes où se prenaient mes sens dévergondés… Et, me tournant le dos, toujours droite, comme un lys, devant son miroir, Antinéa souriait.

Des pas assourdis sonnèrent dans le couloir. Instantanément, Antinéa reprit la pose nonchalante sous laquelle, la première fois, elle m’était apparue. Il faut avoir vu une telle transformation pour y pouvoir croire.

Précédé par le Targui blanc, Morhange venait de pénétrer dans la chambre.

Lui aussi était un peu pâle. Mais je fus surtout frappé par l’expression de paix sereine qui régnait sur ce visage que je croyais cependant connaître. Je sentis que jamais je n’avais compris l’homme qu’était Morhange, jamais.

Il se tint droit devant Antinéa, sans avoir l’air de remarquer le geste d’invitation à s’asseoir qu’elle lui avait fait.