Page:Benoit L Atlantide.djvu/257

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Elle le regarda en souriant.

— Tu t’étonnes peut-être, — fit-elle enfin, — qu’à une heure si tardive je te fasse venir.

Morhange ne sourcilla pas.

— As-tu bien réfléchi ? demanda-t-elle.

Morhange eut un sourire grave, et ne répondit pas.

Je vis sur le visage d’Antinéa l’effort qu’elle faisait pour continuer à sourire ; j’admirai la maîtrise de ces deux êtres.

— Je t’ai fait venir, — reprit-elle. — Tu ne devines pas pourquoi ? Eh bien, c’est pour t’annoncer quelque chose à quoi tu ne t’attends pas. Ce n’est pas te faire une révélation que te dire : je n’ai jamais rencontré un homme tel que toi. Durant ta captivité auprès de moi, tu n’as manifesté qu’un seul désir. Tu te rappelles lequel ?

— Je vous ai demandé, — dit simplement Morhange, — l’autorisation de revoir, avant de mourir, mon ami.

Je ne sais, en entendant ces paroles, lequel des deux sentiments surpassa en mon cœur l’autre, du ravissement ou de l’émotion : ravissement de constater que Morhange disait vous à Antinéa ; émotion d’apprendre quel avait été son unique vœu.

Mais déjà, d’une voix très calme, Antinéa disait :

— Justement, c’est pour cela que je t’ai convoqué, pour te dire que tu vas le revoir. Je fais plus. Tu me mépriseras peut-être davantage en