Page:Benoit L Atlantide.djvu/259

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— Je suis votre prisonnier.

Antinéa tournait dans la salle comme une bête en cage. Elle alla vers mon compagnon, et, ne se connaissant plus, le frappa au visage.

Il sourit et la maîtrisa, unissant ses petits poignets qu’il tenait serrés avec un étrange mélange de force et de délicatesse.

Hiram-Roi rugit. Je crus qu’il allait bondir. Mais les yeux froids de Morhange le retinrent, fasciné.

— Je ferai périr devant toi ton compagnon, — balbutia Antinéa.

Il me sembla que Morhange était devenu plus pâle, mais ce ne fut qu’une seconde. Il riposta par une phrase dont la noblesse et la perspicacité me stupéfièrent.

— Mon compagnon est brave. Il ne craint pas la mort. Et je suis sûr en outre qu’il la préférera à une vie que je lui rachèterais au prix que vous me proposez.

Ce disant, il avait lâché les poignets d’Antinéa. Elle était d’une pâleur effrayante. De sa bouche, je sentis que les paroles définitives allaient sortir.

— Écoute, — dit-elle.

Qu’elle était belle, alors, dans sa majesté méprisée, dans sa beauté pour la première fois impuissante !

— Écoute, — reprit-elle. — Écoute. Une dernière fois. Songe que je tiens les portes de ce palais, songe que j’ai un empire suprême sur ta vie. Songe que tu ne respires qu’autant que je t’aime, songe…