Page:Benoit L Atlantide.djvu/258

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constatant qu’il t’a suffi de me tenir tête pour m’amener à subir ta volonté, moi qui jusqu’ici ai plié tous les autres à la mienne. Quoi qu’il en soit, c’est décidé : à tous les deux, je vous rends votre liberté. Demain, Cegheïr-ben-Cheïkh vous reconduira en dehors de la quintuple enceinte. Es-tu satisfait ?

— Je le suis, — fit Morhange avec un sourire railleur.

Antinéa le regardait.

— Cela me permettra, — reprit-il, — d’organiser un peu mieux la prochaine excursion que je compte faire par ici. Car vous ne doutez pas que je ne tienne à revenir vous témoigner ma reconnaissance. Seulement, cette fois, pour rendre à une aussi grande reine les honneurs qui lui sont dus, je prierai mon gouvernement de me confier deux ou trois cents soldats européens ainsi que quelques canons.

Antinéa s’était dressée, très pâle.

— Tu dis ?

— Je dis, — fit froidement Morhange, — que c’était prévu. Après les menaces, les promesses.

Antinéa marcha sur lui. Il avait croisé ses bras. Il la regardait avec une sorte de pitié grave.

— Je te ferai mourir dans les plus atroces supplices, — dit-elle enfin.

— Je suis votre prisonnier, — dit Morhange.

— Tu souffriras des choses que tu ne peux même supposer.

Et Morhange répéta avec le même calme triste :