Page:Benoit L Atlantide.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’homme obéit en s’effaçant.

Bientôt une mélopée sourde parvint à mes oreilles. Je reconnus le son d’une rebaza, le violon à corde unique des femmes touareg. C’était Aguida qui jouait, accroupie comme d’ordinaire aux pieds de sa maîtresse. Les trois autres femmes l’entouraient également, Tanit-Zerga n’y était pas.

Ah ! puisque cette fois est la dernière que je l’ai vue, laisse, laisse-moi te parler d’Antinéa, te dire comment, en cet instant suprême, elle m’apparut.

Sentait-elle la menace qui pesait sur sa tête, et avait-elle voulu la braver en recourant à ses plus invincibles artifices ? J’avais dans le souvenir le mince corps dépouillé que j’avais pressé contre mon cœur la nuit précédente, sans bagues, sans bijoux. Et voici que je reculai presque en trouvant maintenant devant moi, parée comme une idole, non une femme, mais une reine.

Le formidable luxe des Pharaons écrasait ce mince corps. Elle avait en tête le pschent des dieux et des rois, énorme et d’or, sur lequel les émeraudes, qui sont les pierres nationales des Touareg, traçaient et retraçaient son nom en caractères tifinar. Elle était vêtu de la schenti, comme d’une gaine hiératique. Une schenti de satin rouge brodée, en or, de lotus. Elle avait à ses pieds un sceptre d’ébène, terminé par un trident. Ses bras nus étaient cerclés de deux uræus dont les gueules remontaient jusque sous les aisselles, comme pour