Page:Benoit L Atlantide.djvu/282

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rose pâle glissait mollement. Une à une, elles tournèrent, disparurent…


— Tu es fatigué, sidi lieutenant. Laisse, que je tienne la corde.

Cegheïr-ben-Cheïkh venait de surgir à mon côté.

Je regardai sa haute silhouette noire. Je frémis longuement, mais je ne lâchai pas la corde, sur laquelle je percevais déjà de lointaines saccades.

— Laisse, — répéta-t-il avec autorité.

Et il me la prit des mains.

En cette minute, je ne sais pas ce que je suis devenu. J’étais debout, à côté du grand fantôme sombre. Et que faire, je te prie, avec mon épaule démise, contre cet homme dont je connaissais la force agile. Et puis, à quoi bon ? je le voyais, arc-bouté, tendant des deux mains, des deux pieds, de tout le corps, la corde, bien mieux que je n’eusse pu le faire moi-même.

Un frôlement au-dessus de nos têtes. Une petite forme ténébreuse.

— Là, — dit Cegheïr-ben·Cheïkh, saisissant dans ses bras puissants la petite ombre et la déposant à terre, tandis que la corde libre s’en allait battre contre le rocher.

Tanit-Zerga eut un gémissement en reconnaissant le Targui.

Il lui mit brutalement la main sur la bouche.

— Veux-tu te taire, voleuse de chameaux, vilaine petite mouche.