Page:Benoit L Atlantide.djvu/295

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vraiment, ces jours-là, je n’y ai guère songé. Je ne pensais qu’à la chaleur torride qu’il faut éviter ; à l’outre de peau de bouc qu’il faut enfouir une heure au creux d’un rocher, si l’on veut que l’eau soit fraîche ; au bonheur intense qui vous prend lorsqu’on porte aux lèvres le gobelet de cuir débordant de cette eau salvatrice… Je puis le dire hautement, plus hautement que personne : les grandes passions, cérébrales ou sensuelles, sont affaires de gens dûment repus, désaltérés et reposés.

Il était cinq heures du soir. L’effroyable chaleur diminuait. Nous étions sortis de l’anfractuosité rocheuse où nous avions fait une petite sieste. Assis sur une grosse pierre, nous regardions l’occident devenir rouge.

Je déployai le rouleau de papier sur lequel Cegheïr-ben-Cheïkh avait tracé nos étapes jusqu’à la route du Soudan. Je constatai de nouveau avec joie que son itinéraire était exact, et que je l’avais suivi scrupuleusement.

— Après-demain soir, — dis-je, — nous serons sur le point de partir pour l’étape qui nous conduira, le lendemain, à l’aube, à l’oued Telemsi. Là, nous n’aurons plus à penser à l’eau.

Les yeux de Tanit-Zerga étincelèrent dans son visage amaigri.

— Et Gâo ? — demanda-t-elle.

— Nous ne serons plus qu’à une semaine du Niger. Et Cegheïr-ben-Cheïkh a dit que, de l’oued Telemsi, on achève la route sous les mimosas.