Page:Benoit L Atlantide.djvu/299

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être parti dans une heure, si nous voulons faire l’étape de trente kilomètres. Tu sais que, quand le soleil est né, les rochers sont si chauds qu’on ne peut plus marcher.

Dans quel morne silence s’acheva cette heure dont le début nous avait trouvés si confiants, je le laisse à supposer. Je crois que, sans la petite fille, je me serais assis sur la roche, et aurais attendu. Seule, Galé était heureuse.

— Il ne faut pas trop la laisser manger, — dit Tanit-Zerga. — Elle ne pourrait pas nous suivre. Puis, demain, il faudra qu’elle travaille. Si elle prend un autre ourane, ce sera pour nous.


Tu as marché dans le désert. Tu sais que les premières heures de la nuit sont terribles. Quand la lune paraît, énorme et jaune, il semble qu’une âcre poussière s’élève et monte en buées suffocantes. On a un mouvement de mâchoire machinal et continu, comme pour broyer cette poussière qui pénètre dans la gorge en feu. Puis, est-ce l’habitude, une sorte de repos, de somnolence survient. On chemine sans penser. On oublie qu’on marche. Il faut qu’on butte pour s’en souvenir. Il est vrai qu’on butte souvent. Mais enfin, c’est supportable. « La nuit va finir, se dit-on, et avec elle, l’étape. Somme toute, je suis moins fatigué maintenant qu’au départ. » La nuit se termine, et c’est pourtant alors l’heure la plus atroce. On meurt de soif et on tremble de froid. Toute la fatigue revient en masse. L’horrible petit vent