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témoignages de liberté d’esprit, l’un vis-à-vis de l’autre. Quoi de plus accessible, en apparence, que l’immense Sahara, ouvert à tous ceux qui veulent s’y engloutir ? Quoi de plus fermé que lui ? Après six mois d’une cohabitation, d’une communion de vie telles qu’en offre un poste du Sud, je me demande si le plus extraordinaire de mon aventure n’est pas de partir demain, vers les solitudes insondées, avec un homme dont la pensée véritable m’est sans doute aussi inconnue que ces solitudes, auxquelles il a réussi à me faire aspirer.


Le premier sujet de surprise qui me fut donné par ce singulier compagnon, je le dus aux bagages dont il s’était fait suivre.

Quand il nous arriva inopinément, seul, d’Ouargla, il avait confié au mehari de race qu’il montait uniquement ce que peut porter sans déchoir un aussi susceptible animal : ses armes, sabre et revolver d’ordonnance, plus une solide carabine, et quelques effets strictement réduits. Le reste n’arriva que quinze jours plus tard, par le convoi chargé du ravitaillement du poste.

Trois caisses de dimensions respectables furent successivement montées dans la chambre du capitaine, et les grimaces des porteurs en disaient assez sur leur poids.

Par discrétion, je laissai Saint-Avit à son emménagement, et me mis à dépouiller le courrier que m’apportait le convoi.