Page:Benoit L Atlantide.djvu/313

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— Tu la verras, — répéta-t-il avec ivresse, — tu la verras.

Éperdu, il me prit dans ses bras, et m’y pressa longuement.

Une extraordinaire félicité nous submergeait l’un et l’autre, tandis que, riant tour à tour et pleurant comme des enfants, nous ne cessions de répéter :

— Hâtons-nous ! Hâtons-nous !


Subitement, une légère brise s’éleva qui fit bruire les touffes d’alfa de la toiture. Le ciel, de lilas très pâle, pâlit encore, et tout à coup une immense déchirure jaune le fendit à l’est. L’aube parut dans le désert vide. Au fond des bastions, ce furent des bruits sourds, des meuglements, des bruits de chaînes. Le poste s’éveillait.

Pendant quelques secondes, nous demeurâmes sans mot dire, l’œil fixé sur la piste du Sud, la piste par laquelle on gagne Temassinin, l’Éguéré, le Hoggar.

Un coup frappé derrière nous, à la porte de la salle à manger, nous fit tressaillir.

Entrez, — fit, d’une voix redevenue très dure, André de Saint-Avit.

Le maréchal des logis chef Châtelain était devant nous.

— Que me voulez-vous à cette heure ? demanda brusquement André de Saint-Avit.

Le sous-officier était au garde à vous.

— Excusez-moi, mon capitaine. Un indigène a