Page:Benoit L Atlantide.djvu/312

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pellent le Tombeau de la Chrétienne. C’est là que fut déposé le corps de l’aïeule d’Antinéa, cette Cléopâtre Séléné, fille de Marc-Antoine et de Cléopâtre. Placé sur le chemin des invasions, cet hypogée a gardé son trésor. Nul n’a jamais su découvrir la chambre peinte où repose, dans son cercueil de verre, le corps splendide. Ce qu’a fait l’aïeule, la petite-fille saura le dépasser en sombre magnificence. Au centre de la salle de marbre rouge, sur le rocher où palpite la plainte invisible de la fontaine ténébreuse, une plate-forme est ménagée. C’est là que s’érigera, sur son fauteuil d’orichalque, avec en tête le pschent et l’uræus d’or, avec en main le trident de Neptune, la femme merveilleuse dont je t’ai parlé, le jour où les cent vingt niches creusées en rond autour de son trône auront reçu chacune leur proie consentante et comblée.

Lorsque j’ai quitté le Hoggar, c’était, tu t’en souviens, la stalle 55 qui devait être la mienne. Depuis, je n’ai cessé de calculer, et j’ai conclu que c’est dans la stalle 80 ou 85 que je dois reposer. Mais des calculs peuvent être erronés qui se fondent sur une base aussi fragile que la fantaisie d’une femme. C’est pourquoi je suis sans cesse plus nerveux. Il faut se hâter, te dis-je, il faut se hâter.

— Il faut se hâter, — répétai-je, — comme dans un songe.

Il releva la tête avec une indicible expression de joie. Ses mains tremblaient de bonheur en serrant les miennes.