Page:Benoit L Atlantide.djvu/37

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si belles !… Je me suis laissé entraîner assez loin…

— Mon cher, je n’ai pas de reproches à te faire. Tu es libre, et le chef ici. Permets-moi, cependant, de te rappeler certaine phrase sur les pillards Chaamba, et sur les inconvénients qu’il peut y avoir pour un commandant de poste à s’absenter trop longtemps.

Il eut un sourire.

— Je ne déteste pas qu’on ait de la mémoire, — répondit-il simplement.

Il était de bonne, de trop bonne humeur.

— Il ne faut pas m’en vouloir. J’étais parti pour un petit tour, comme d’ordinaire. Puis, la lune s’est levée. Et alors, j’ai reconnu le paysage. C’est par là, il y aura en novembre prochain vingt-trois ans, que Flatters s’est acheminé vers sa destinée, dans une volupté que la certitude de ne pas revenir faisait plus âcre et plus immense.

— Drôle de mentalité pour un chef de mission, — murmurai-je.

— Ne dis pas de mal de Flatters. Nul homme comme lui n’a aimé le désert… à en mourir.

— Palat et Douls, entre tant d’autres, l’ont aimé ainsi, — répliquai-je. — Mais ceux-là étaient seuls à s’exposer. Responsables de leur vie seule, ils étaient libres. Flatters, lui, portait la responsabilité de soixante existences. Et tu ne peux nier qu’il ait fait massacrer sa mission.

À peine eus-je prononcé cette dernière phrase