Page:Benoit L Atlantide.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rais vous y joindre. À ceci, je n’ai plus à ajouter qu’un mot. Je suis chargé d’une mission que ses origines rendent essentiellement civile. Vous, vous êtes investi par le ministère de la Guerre. Jusqu’au moment donc où, arrivés à Shikh-Salah, nous nous tournerons le dos pour gagner, vous le Touat, et moi le Niger, tous vos conseils, tous vos ordres, seront suivis à la lettre par un subalterne et, je l’espère, aussi par un ami.

À mesure qu’il parlait avec une si aimable franchise, je sentais une immense joie à voir mes pires craintes de tout à l’heure se dissiper. J’éprouvais néanmoins la mauvaise envie de lui marquer quelque réserve, pour avoir ainsi disposé, à distance, sans que j’eusse été consulté, de ma compagnie.

— Je vous suis très reconnaissant, mon capitaine, d’aussi flatteuses paroles. Quand désirez-vous que nous quittions Ouargla ?

Il eut un geste de complet désintéressement :

— Mais, quand vous voudrez. Demain, ce soir. Je vous ai retardé. Vos préparatifs doivent être achevés depuis longtemps.

Ma petite manœuvre s’était retournée contre moi, qui n’avais pas mis dans mes projets de partir avant la semaine suivante.

— Demain, mon capitaine ? Mais… vos bagages ?

Il eut un bon sourire.

— Je croyais qu’il fallait se faire suivre du