Page:Benoit L Atlantide.djvu/76

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namment lisse. Et pas un souffle d’air, pas un souffle.

Soudain, un de nos chameaux piaula. Une énorme antilope venait de surgir et s’en était allée donner de la tête, affolée, contre la muraille rocheuse. Elle restait là, hébétée, à quelque pas de nous, grelottant sur ses minces jambes.

Bou-Djema nous avait rejoints.

— Quand les jambes du mohor vacillent, c’est que les colonnes du firmament ne sont pas loin de s’ébranler, — murmura-t-il.

Les yeux de Morhange me fixèrent, puis se reportèrent vers l’horizon, sur le point noir maintenant doublé.

— Un orage, n’est-ce pas ?

— Oui, un orage.

— Et vous voyez là un motif de vous inquiéter ?

Je ne lui répondis pas tout de suite. J’étais en train d’échanger quelques brèves paroles avec Bou-Djema, occupé lui-même à maîtriser les chameaux qui devenaient nerveux.

Morhange réitéra sa question. Je haussai les épaules.

— De l’inquiétude ? Je n’en sais rien. Je n’ai jamais vu d’orage au Hoggar. Mais je me méfie. Et tout me porte à croire que celui qui se prépare va être d’importance. Au reste, voyez déjà.

Sur la roche plate, une légère poussière s’était élevée. Dans l’atmosphère immobile, quelques grains de sable se mirent à tourner en rond, avec une vitesse qui s’accrut jusqu’à devenir verti-