Page:Benoit L Atlantide.djvu/78

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Nous eûmes toutes les peines du monde à faire agenouiller nos chameaux. Lorsque chacun de nous fut juché sur le sien, ils filèrent à une allure que la terreur faisait de plus en plus désordonnée.

Brusquement, le vent s’éleva, un vent formidable, et presque en même temps le jour sembla s’éclipser du ravin. Au-dessus de nos têtes, le ciel était devenu, en un clin d’œil, plus ténébreux que les parois noires du couloir où nous dévalions à perdre haleine.

— Un gradin, un escalier dans la roche, — criai-je dans le vent à mes compagnons. — Si nous n’en atteignons pas un avant une minute, c’est fini.

Ils ne m’entendirent pas, mais, m’étant retourné, je vis qu’ils ne perdaient pas leurs distances, Morhange immédiatement derrière moi. Bou-Djema le dernier, poussant devant lui, avec une admirable maîtrise, les deux chameaux porteurs de nos bagages.

Un éclair aveuglant déchira l’obscurité. Un coup de tonnerre, répercuté à l’infini par la muraille rocheuse, retentit, et, aussitôt, d’énormes gouttes tièdes se mirent à tomber. En un instant, nos burnous, tendus par la vitesse horizontalement derrière nous, furent collés à nos corps ruisselants.

Brusquement, sur notre droite, une faille venait de s’ouvrir au milieu de la muraille. C’était le lit presque à pic d’un oued, affluent de celui