Page:Benoit L Atlantide.djvu/94

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où tu t’arrangeras pour nous faire arriver sans encombre. Où est l’endroit où tu as proposé au capitaine de le conduire ?

— Ce n’est pas moi qui le lui ai proposé, c’est lui qui me l’a demandé, — fit remarquer froidement le Targui. — Les grottes où sont les inscriptions sont à trois jours de marche, au Sud, dans la montagne. La route est d’abord assez rude. Mais ensuite elle s’infléchit, et l’on gagne sans peine Timissao. Il y a de bons puits, où les Touareg Taïtoq, qui aiment les Français, vont faire boire leurs chameaux.

— Et tu connais bien le chemin ?

Il haussa les épaules. Ses yeux eurent un sourire méprisant.

— Je l’ai fait vingt fois, — dit-il.

— Eh bien, alors, en avant.


Pendant deux heures, nous allâmes. Je n’échangeai pas une parole avec Morhange. J’avais l’intuition nette de la folie que nous étions en train de commettre en nous risquant avec cette désinvolture dans la région la moins connue, la plus dangereuse du Sahara. Tous les coups qui, depuis vingt ans, travaillent à saper l’avance française sont sortis de ce Hoggar redoutable. Mais quoi ! c’était de plein gré que j’avais apporté mon adhésion à cette folle équipée. Je n’avais plus à y revenir. À quoi m’eût servi de gâter mon geste par une apparence continuelle de mauvaise humeur ? Et puis, il fallait bien me l’avouer, la