Page:Benoit L Atlantide.djvu/95

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tournure que commençait à prendre notre voyage n’était point pour me déplaire. J’avais, dès cet instant, la sensation que nous nous acheminions vers quelque chose d’inouï, vers quelque monstrueuse aventure. On n’est pas impunément des mois, des années, l’hôte du désert. Tôt ou tard, il prend barre sur vous, annihile le bon officier, le fonctionnaire timoré, désarçonne son souci des responsabilités. Qu’y a-t-il derrière ces rochers mystérieux, ces solitudes mates, qui ont tenu en échec les plus illustres traqueurs de mystères ?… On va, te dis-je, on va.


— Êtes-vous au moins bien sûr que cette inscription possède un intérêt de nature à justifier ce que nous allons tenter ? — demandai-je à Morhange.

Mon compagnon tressaillit agréablement. Je compris la crainte où il était, depuis le départ, que je ne l’accompagnasse à contre-cœur. Du moment où je lui offrais l’occasion de me convaincre, ses scrupules n’existaient plus et son triomphe lui paraissait certain.

— Jamais, — répondit-il d’une voix qu’il voulait mesurée, mais sous laquelle perçait l’enthousiasme, — jamais une inscription grecque n’a été découverte sous une latitude aussi basse. Les points extrêmes où elles ont été mentionnées appartiennent au sud de l’Algérie et de la Cyrénaïque. Mais au Hoggar ! Rendez-vous donc compte. Il est vrai que celle-ci est traduite en