Page:Benoit L Atlantide.djvu/99

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Je regardai Bou-Djema, qui venait de pousser cette exclamation sourde. Ses yeux se portèrent avec un mélange de stupeur et d’effroi sur le Targui.

Le chameau d’Eg-Anteouen cheminait une dizaine de mètres en avant, côte à côte avec celui de Morhange. Les deux hommes conversaient. Je compris que Morhange devait entretenir Eg-Anteouen des fameuses inscriptions. Mais nous n’étions pas si en arrière qu’ils ne pussent entendre nos paroles.

De nouveau, je regardai mon guide. Je le vis blême.

— Qu’y a-t-il, Bou-Djema, qu’y a-t-il ? — demandai-je à voix basse.

— Pas ici, mon lieutenant, pas ici, — murmura-t-il.

Ses dents claquaient. Il ajouta, comme dans un souffle :

— Pas ici. Le soir, à la halte, lorsqu’il sera tourné vers l’Orient, en train de faire sa prière, quand le soleil disparaîtra. Alors, appelle-moi près de toi. Je te dirai… Mais pas ici. Il parle, mais il écoute. Va-t’en. Rejoins le capitaine.

— En voilà bien d’une autre, — murmurai-je, pressant du pied le col de mon mehari pour rattraper Morhange.


Il était environ cinq heures du soir, lorsque Eg-Anteouen, qui allait en tête, s’arrêta.

— C’est ici, — dit-il, mettant pied à terre.