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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.




Le Faux Adieu.

STANCES.


Pour voler un baiser, où je n’osois prétendre,
J’ay feint de m’en aller bien loin ;
Mais j’en appelle aussi mon amour à témoin,
Si je ne suis prest à le rendre,
Et si j’eusse eu jamais l’audace de le prendre,
À moins que d’en avoir un extrême besoin.

Sans cette invention jointe avec mon courage,
Au point que ma langueur étoit,
Il falloit luy céder ; son excès m’emportoit ;
Mais ma finesse me soulage,
Et j’étois obligé de feindre mon voyage,
Afin de retenir mon âme qui partoit.