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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Que rigoureuses sont vos loix
Astres impiteux à ma voix,
Ou que mon offense est extrême !
Vous voyez sans me secourir,
Qu’on me sépare de moy-même,
Et vous m’empêchez de mourir.

Au moins cette grande beauté
Sçauroit alors la cruauté
Que souffre mon âme contrainte ;
Et si l’excès de ma douleur
Cause le défaut de ma plainte,
Ma mort luy diroit mon malheur.

Dieux ! pour l’honneur de vos autels,
Venez condamner les mortels
Aussi-bien que mon cœur aux flâmes ;
Vos offices vous sont ostez,
On veut assujettir les âmes,
Et disposer des volontez.

La foy ni l’inclination
N’obligent pas l’affection,
Sans que la grandeur l’importune ;