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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Et par un malheur de nos jours,
Les dignitez de la fortune
Sont les doux charmes de l’amour.

Amour, quelle est ta déité,
Si de la fortune agité
Contr’elle enfin tu te consommes ?
C’est la maîtresse de ces lieux,
Qui ne régnant que sur les hommes,
N’a point d’empire sur les Dieux.

Tu cèdes aux rigueurs du sort,
Et je reste sans reconfort
Aux injures de ta défaite ;
Je te voy, superbe vainqueur,
Contraint de faire la retraite,
Mais c’est toûjours dedans mon cœur.

L’image de perfections,
Qui cause mes afflictions,
Seule me console et m’attire ;
Souffrant avec tant de raison,
Je favorise mon martyre
Et déteste ma guérison.