animée d’un certain accent passionné, qui, sans éclater dans aucun trait particulier, se faisait partout doucement sentir. »
La cour se divisa en deux camps : les Jobelins et les Uraniens[1] ; le prince de Conti tenait le parti de Benserade contre Voiture, et Mme de Longueville, sa sœur, défendait en revanche Voiture contre Benserade, ce qui fit dire à Mlle de Scudéri :
À vous dire la vérité,
Le destin de Job est étrange,
D’être toujours persécuté,
Tantôt par un démon et tantôt par un ange.
Balzac composa une dissertation en treize chapitres[2] sur ces deux sonnets qu’il analyse, mot par mot, vers par vers, en rendant à chacun son mérite, et Corneille entra lui-même en lice, prenant parti pour Job contre Uranie, dans un sonnet[3] où il n’hésite pas à dire que celui de Voiture est sans doute mieux rêvé, mieux conduit, mieux achevé, mais qu’il voudrait avoir fait l’autre.
Les choses menaçaient de s’éterniser, et Mme de Longueville écrivait[4] que les ministres devraient s’oc-