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Page:Benserade - Poésies, éd. Uzanne, 1875.djvu/66

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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


De souffrir d’être bien-aimée,
Et ne sçavoir pas bien aimer.

Quand le Ciel, par un coup fatal,
Nous fit entrevoir l’un et l’autre,
Pour nôtre bien, pour nôtre mal,
Vous fûtes mienne et je fus vôtre.
Il est vray que je trouvay doux
Mille appas qui brilloient en vous
À l’éclat de vôtre présence ;
Ils m’ébranlèrent un petit ;
Mais vôtre seule complaisance
Fut le charme qui m’abbatit.

D’un accueil vraiment gracieux
Vôtre accueil eut les apparences,
Et dans la douceur de vos yeux
Je vis rire mes espérances.
Mon cœur fut tout à vôtre gré ;
Et quand je vous l’eus consacré
Avec la passion extrême
Dont il étoit si travaillé,
Vous l’alliez demander vous-même,
Si je ne vous l’eusse baillé.