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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Vous l’eûtes, et je fus ravy
De vous en voir la seule reine ;
Jamais pauvre cœur asservy
N’aima tant ses fers et sa peine :
Ce vous devoit être un trésor,
Que vous posséderiez encor,
Et tout entier et sans réserve,
Si l’amour vous eust enseigné
Cette prudence qui conserve
Ce que le mérite a gagné.

Mais rien n’est étrange en ce point ;
Les fruits d’une grande largesse
Sont des fruits qui ne croissent point
Au champ d’une grande jeunesse :
Entretenir des feux constans
Est une leçon dont le temps
Vous doit faire l’apprentissage.
Ainsi, qui vous en contera
Ne fera rien qu’à l’avantage
Du dernier qui vous aimera.

Le mal est que vôtre beauté,
Pour qui maintenant on soûpire,