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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Jalousie.

STANCES.


Javois la fièvre ardente, et, comme en frénésie,
Dedans mon triste lit j’en sentois les assauts ;
Cependant une jalousie
Étoit le plus grand de mes maux.

Un rival prend son temps, choisit son avantage,
Et vient voir la beauté qui cause mon ennuy ;
Il est sot et me fait ombrage,
Car elle est sotte comme luy.

Bien mieux que ses discours mon mal la persuade ;
Et, si je perds le fruit qui devoit être mien,
C’est parce que je suis malade,
Et que l’autre se porte bien.

Elle ne fit jamais de si grossière faute ;
Cet esprit, qui ne peut former un bon dessein,
Croit qu’un badin qui danse et saute
Vaut un honnête homme mal sain.