Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/253

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duire en paroles ; et il n’avait pas fallu moins que l’indulgente attention du vieux cardinal pour lui donner la force de parvenir jusqu’au bout de sa confidence.

Après l’avoir longuement écouté, le cardinal lui avait posé une question :

— Et maintenant, mon enfant, maintenant que vous affrontez la mort, le faites-vous en croyant que la religion est vraie ?

— Oui, mon père, ou du moins je le suppose !

— Fort bien. L’essentiel est que vous ayez la foi. N’ajoutez plus rien ! Vous vous êtes confessé ?

— Oui, cet après-midi même.

Le vieillard était resté un moment silencieux.

— Quant à votre impression d’irréalité, avait-il repris, comme aussi quant à votre notion d’une église qui n’aurait pas de cœur, il n’y a rien là que de naturel. Votre maladie a causé chez vous un choc mental très violent, d’où résulte que votre sensibilité se trouve aiguisée à un degré plus ou moins morbide. Or, voyez-vous, le cœur de l’église est très profond, et, faute d’avoir pu encore le pénétrer, vous vous êtes irrité de ne pas l’apercevoir là où vous le cherchiez. Croyez-moi, cela n’a pas une grande importance ! Il faut seulement que vous mainteniez votre volonté dans la direction de Dieu : ni Dieu ni la religion ne vous en demandent davantage. Aussi bien suis-je prêt à reconnaître que l’Église porte vraiment en soi une certaine dureté, encore que le mot de force surna-