Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/255

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— Oh ! murmura le vieillard, que cela ne vous inquiète pas ! Ainsi, vous avez pensé que le pape était indifférent ? Ma foi, ne devrait-il pas l’être ? N’est-ce point ce que nous devrions attendre du Vicaire du Christ ?

— Mais le Christ lui-même a pleuré !

— Oui, oui, et son vicaire aussi a pleuré. Croyez-moi, je l’ai vu de mes propres yeux ! Mais c’est sans larmes que le Christ est allé à la mort.

— Certes, mais Sa Sainteté ne va pas à la mort ! s’écria le prêtre. Elle y envoie les autres…

Il s’arrêta brusquement, ayant perçu non pas une parole, de la part de son compagnon, mais simplement une espèce de vibration mentale qui tendait à l’empêcher d’en dire davantage. Là-haut, si haut par-dessus le monde, et puis aussi sous la pression de telles pensées, chacun de ses nerfs semblait tendu à un degré surprenant d’impressionnabililé. Mais le vieux cardinal ne répondit rien. Une fois, en vérité, ses lèvres s’ouvrirent, mais pour se refermer aussitôt.

— Personne, à coup sûr, ne saurait attendre que le Saint-Père se rendît lui-même à Berlin dans les circonstances présentes ! dit enfin le cardinal, d’une voix douce et affectueuse. Mais ne vous vient-il pas à l’esprit que, peut-être, Sa Sainteté trouve plus pénible encore de devoir rester au repos dans Rome ?

Monsignor sentit une vague de désappointement. Il avait espéré quelque mot révélateur, au lieu de